Shōnen Manga: origines, décryptage, codes et recettes d’un succès formaté

Le shōnen manga et le nekketsu en particulier c’est ce qui a le plus de succès par ici et tous les titres -ou presque- qui déchaînent les passions en sont. Mais le shōnen manga et le nekketsu, plus qu’une cible éditoriale ou un genre, c’est désormais quasiment une recette toute prête, soumises a des schémas initiés, pensés et travaillés depuis des années…

Sur les réseaux sociaux, je vois trop souvent passer ces éternels débats à 2 balles type c’est Dragonball/Jojo’s Bizarre Adventure qui a tout inventé, créé et codifié le shōnen voir le manga en général. Déjà, c’est faux et surtout on s’en fout! Et puis, avant de jouer à « c’est lui le plus meilleur manga qui a tout inventé » faut remonter bien plus loin que les années 80 et Dragonball (ou JJBA) pour connaître l’histoire du truc et les titres qui ont posés des jalons et codifié durablement le shōnen et le Manga en général.

Car que ce soit Dragonball, JJBA, One Piece, Fairy Tail, Naruto, MHA, Kingdom, Demon Slayer, SNK etc. tous ont un petit quelque chose de ces titres plus anciens dans leur ADN. Et c’est pas tout, le système de publication Japonais et les magazines de prépublication en particulier ont eux aussi considérablement influencé le shōnen manga.

On va donc essayer de poser clairement tout ça depuis les débuts, jusqu’au aux hits formatés de ces dernières années et en abordant le sujet au maximum avec des titres disponibles en français. Et s’ils sont anciens et disponibles en français, c’est aussi un très bon indicateur de leurs valeurs et de leurs importances dans le paysage manga…

C’est parti !


Déjà qu’est-ce qu’un shōnen? Contrairement a ce que beaucoup pensent ce n’est pas un genre mais une cible éditoriale. Et Wikipédia a très bien résumé tout ça:

Le shōnen n’est pas à proprement parler un type : le terme désigne plutôt la cible éditoriale du manga. Ainsi, un manga est considéré comme un shōnen s’il est prépublié au Japon dans un magazine dont la cible première est composée d’adolescents de sexe masculin, tels que Shōnen Jump.

Et dans le shōnen manga, y’a a boire et a manger, on y trouve de l’aventure, du combat, des enquêtes, du fantastique, de la SF, de la romance etc. Ca varie énormément et dépend généralement de l’éditeur et du magazine de prépublication du titre. Même si c’est loin d’être une science exacte et que certains shōnen sont des ovnis par rapport à d’autres… Car dans le shōnen, y’a aussi des genres/thèmes; le nekketsu, le harem/pantsu, le mecha, le furyo/yankee, le gakuen etc. Chaque type d’histoires peut être du shōnen mais peut aussi être typé en fonction de son thème. P.EX : Dragonball et One Piece sont des nekkestu, Love Hina est un harem, GTO est un gakuen, Racaille Blues est un furyô…

En gros, tout est possible et envisageable niveaux thématiques, situations, personnages, genres, etc. dans le shōnen manga !

Mais reprenons tout depuis le début…

On est en 1947 et si le manga existe déjà, il est loin du format qu’on connaît actuellement. C’est principalement publié dans les journaux/magazines et ce sont généralement des récits très courts de quelques cases, au maximum de quelques dizaines de pages. Sazae-san de Machiko Hasegawa, un Yonkoma publié de 1946 à 1974 est sans doute un des plus connus encore actuellement.  Des histoires courtes sont aussi publiés dans de petits livres pour enfants appelés Akahon (Litt: livres rouges) et sont disponibles un peu partout. Ces ancêtres des manga actuels sont malheureusement pour la plupart de piètre qualité avec des récits courts, pauvres et creux en plus d’être mal imprimé.

Puis arrive Osamu Tezuka qui a partir d’une histoire de Shichima Sakai révolutionne tout avec La nouvelle île au trésor. Influencé par le cinéma, Disney et les Comic Strips Américain largement diffusé dans cette période d’après guerre, Tezuka rompt avec les codes de son époque. Codes qui sont principalement liés a des contraintes techniques et matérielles. En effet, le format en bandes de 3 ou 4 cases n’est pas vraiment un choix des mangakas, mais plutôt imposé par le mode d’impression et de diffusion des livres de l’époque. Dans l’immédiate après-guerre, avoir accès à l’impression en photogravure est difficile, voir impossible. Surtout pour des publications a destination de la jeunesse. On emploie donc un procédé qui consiste a faire décalquer chaque page du manga sur du papier sulfurisé par un artisan, pour pouvoir ensuite reporter le dessin à l’envers sur une plaque en zinc, avant d’imprimer le tout sur du papier de très mauvaise qualité, généralement des chutes ou du papier destiné aux jeux de cartes. Faut donc faire simple et efficace.

Pourtant malgré ce format ultra rigide, Tezuka arrive a rendre des sensations de mouvements et de vitesse, quasiment absentes des publications de l’époque grâce a un style vif et moderne. Car Tezuka est influencé par le cinéma et les cartoons et particulièrement par des auteurs comme Disney ou Fleisher. Tellement que dans ses premières œuvres, on est parfois a la limite du plagiat graphique. Mais en seulement une seule séquence, celle qui introduit le livre, Tezuka s’impose et marque durablement son époque ainsi que la future génération de mangakas majeurs : Leiji Matsumoto (Albator), Shotaro Ishinomori (Kamen Rider) ou le duo Fujiko F Fujio (Doraemon) qui évoqueront souvent le choc visuel que fut pour eux, cette séquence quand ils l’ont découverte.

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La séquence d’ouverture version 1984 (les planches de 1947 ont été perdues)

Graphiquement c’est donc une révolution de bout en bout où Tezuka multiplie les trouvailles mais narrativement c’est une révolution aussi ! Tezuka propose un récit complet de 192 pages qui tranche radicalement avec les récits courts de l’époque. Et il propose un vrai récit, une aventure complète et pas juste une succession de saynètes. Même si La nouvelle île au trésor est très librement inspiré de L’île au trésor de Robert Louis Stevenson et teinté de Tarzan, c’est un succès colossal qui vend plus de 400 000 exemplaires, un record pour l’époque.

Avec ce seul titre, le style Tezuka est né et tout les mangas ou presque se calqueront petit à petit sur ce format qui deviendra finalement la norme. Les mangas qu’on lit aujourd’hui découlent tous quelque part de ce titre de 1947.

Grace au succès de la Nouvelle île au trésor, fini les akahons, Tezuka a désormais accès à l’impression par photogravure car les éditeurs (ayant flairé le bon coup) misent sur des livres de meilleurs qualités (donc plus chers). Tezuka peut donc sortir du format en bande et continue de développer la dynamique de son graphisme et de son récit. Et il continue a innover, à mûrir son style et à livrer des œuvres ambitieuses :

  • Lost World (1948)
  • Metropolis (1949)
  • Le Roi Léo (1950)
  • Next World (1951)

Mais c’est en 1952 qu’il pose encore un jalon avec sans doute son titre le plus connu, Astro Boy. En effet, les manga cités plus haut, ont tous une conclusion. Avec Astro Boy, il crée un Univers suivi ou il peut indéfiniment faire réapparaître son héros dans de nouvelles histoires. Même s’il avait déjà commencé avec Oncle moustache, un personnage qui apparaîtra tout au long de son œuvre. On voit aussi apparaître les premiers vrais arcs narratifs… Un des plus connu reste sûrement Le robot le plus fort du monde, un arc tellement important et fondateur qu’il sera même réinterprété par Naoki Urasawa dans un certain Pluto bien des années plus tard… 

 

Astro Boy a été publié pendant 16 ans et en un sens c’est aussi lui qui a amené le premier, le principe des saisons cher a JJBA ou les bases du Leijiverse (on y reviendra). En effet on parle de « première », « deuxième » et « troisième » séries Astro Boy en fonction de leurs périodes/magazines de publication. Et ces séries ne continuent pas simplement l’histoire de la série originale, elles se déroulent dans d’autres timelines, mettant régulièrement le récit bien avant ou après la première série… 

L’importance et l’influence durable de Tezuka sur la production de manga (et anime, mais c’est un autre sujet) est énorme et il règne en quasi monopole sur les années 50. En 1953 il crée d’ailleurs -sous les les recommandations de son éditeur Shōgakukan-, le Tokiwasō, un appartement de travail qui dans un premier temps -et pendant 2 ans- sert d’atelier a Tezuka et ses assistant/apprentis pour réaliser les œuvres du Maître. Assistants qui comme aujourd’hui, réalisent les décors, les trames et le travail de documentation. Par la suite, et jusqu’en 1982 (date de destruction du bâtiment) cet appartement va devenir  « un repaire » ou de nombreux mangakas débutant ou confirmés vont se succéder afin d’y travailler et mais surtout penser leur manga et LE manga ensemble. Quelques-uns de ces auteurs sont issus de concours organisés par les éditeurs afin de repérer de nouveaux talents. Et à cette époque (comme aujourd’hui) de nombreux auteurs tentent leur chance, comme Shotaro Ishinomori qui sera repéré puis choisi par Tezuka comme assistant sur Astro Boy avant d’entamer une brillante carrière solo.

Grace à cette émulation, dès le milieu des années 50, une nouvelle générations d’auteurs commencent a émerger et à sortir leur épingle du jeu. Et si certains sont dans la droite ligne du style Tezuka, une partie d’entre eux travaillent a révolutionner le manga. Et surtout a s’affranchir du style Tezuka, jugé « enfantin » par certains de ces auteurs.

Dans les années 1960 apparaissent donc des mangas plus sérieux, tranchant avec les publications plus enfantines typé Tezuka. Car les 60’s, un peu partout dans le monde c’est les années « révolution », le début de la contre-culture, etc. le tout baigné dans contexte de tension générationnelle.  Et le Japon n’y échappe pas. Fatalement, tout ça, cela se ressent et transparaît dans certaines publications. Ces titres plus matures et réalistes appelés Gekiga ont été initié dès 1957 par des auteurs comme Sampei Shirato (Kamui Den),Yoshihiro Tatsumi et Takao Saitō (Golgo 13), Gōseki Kojima (Lone wolf & cub) ou le scénariste Kazuo Koike (Lady Snowblood). Ce nouveau genre initié par une poignée d’auteurs au sein du magazine Garo (Magazine créé en 1964 par Katsuichi Nagai pour pouvoir y publier ces Gekiga) , influencera le paysage manga de manière globale et durable en introduisant réalisme et sérieux dans le traitement des thèmes, des histoires ou du dessin et en tranchant radicalement avec le style Tezuka. Et évidemment il influencera de futurs auteurs/œuvres majeurs comme Shigeru Mizuki (Kitaro le repoussant), le duo Tetsuya Chiba/Asao Takamori (Ashita No Joe) ou Testuo Hara (Hokuto No Ken). Pour beaucoup, le Gekiga c’est aussi l’ancêtre direct du Seinen manga. Mais l’ombre de Tezuka plane toujours…

Revenons à Ashita No Joe. Il a été publié dans le Weekly Shōnen Magazine de 1968 et à 1973, et est encore aujourd’hui un manga culte. On peut dire que c’est quasiment lui qui en 20 tomes a imposé et codifié durablement le shōnen de sport mais c’est aussi lui qui le premier aborde l’esprit du genre nekketsu comme on le connaît encore aujourd’hui, en prônant le dépassement de soi pour atteindre son but. Ashita no Joe c’est aussi un des premier shōnen qui n’hésite pas à évoquer frontalement des thèmes durs comme la pauvreté, la guerre, les inégalités sociales ou dénoncer les privilèges. Il introduit aussi un héros loin des personnages chevaleresques et héroïques de Tezuka. Même si au début, ne fut-ce que graphiquement, c’est du Tezuka pur jus:

Ashita no joe.

Pourtant, le titre va petit à petit s’affranchir de tout ça et trouver sa voie jusqu’à devenir un précurseur et l’initiateur du style nekketsu. Car le Héros typique de shōnen, orphelin (ou sans parents) livré à lui-même et qui va tout faire pour atteindre son but, c’est de Ashita No Joe que ça vient. Le Héros charismatique, au tempérament impulsif et entier, limite égoïste,  le premier de tous c’est Joe Yabuki. Et preuve de son influence majeure, on ne compte plus les clins d’œil a cet œuvre dans de nombreux titres postérieurs… Ashita no Joe, c’est une claque tellement grande à l’époque de sa publication, que le public japonais se prend d’émoi à la mort d’un des personnages et vont exiger des explications jusqu’aux domiciles des auteurs avant de célébrer des funérailles nationale à ce personnage.

Et on ne compte plus les rééditions, les versions Deluxe, les produits dérivés etc. de ce titre emblématique, encore aujourd’hui.

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1968 c’est aussi la création de l’usine à Hits ; le Weekly Shōnen Jump. Et c’est ce magazine qui au final a formaté définitivement le shōnen en définissant et en imposant les 3 piliers du shōnen nekketsu : Amitié – Efforts – Victoire, même si a cette époque ce n’est pas encore la locomotive qu’il est aujourd’hui. On y reviendra…

Si gamin vous avez regarder des trucs genre San Ku Kai, Bioman ou Power Rangers, c’est parce que Shotaro Ishinomori a créer Kamen Rider en 1971. Et avec ce titre, il a contribué a développé et popularisé un genre, le tokusatsu et surtout les séries Henshin hero/Super Sentai .  L’amorce de tout ça avait déjà commencé avec Cyborg 009 dès 1963. Le « truc » du pays ravagé de l’intérieur par une puissance destructrice (genre organisation secrète) pour poser la base d’une histoire, c’est un peu de lui que ça vient.

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Et pour l’anecdote, le 1er anime Japonais diffusé en France c’est Cyborg 009 en 1967 via l’Éclair-Journal des Actualités Pathé. Certes, c’était découpé en pleins de parties de quelques minutes mais ça reste le premier.

Pourtant, Ishinomori lui-même puise clairement dans Tetsujin 28-gō, un manga de Mitsuteru Yokoyama publié de 1956 à 1966, qui est le premier manga mettant en scène un robot géant et qui posera le premier les bases du genre Mecha. Il faut encore attendre 1972 et Mazinger Z de Go Nagai pour que les robots géants soient pilotés de l’intérieur et deviennent les mechas tel qu’on les connais encore actuellement. Et c’est pas tout ! Sans Yokoyama et son Testsujin 28, y’aurait peut-être pas eu Akira, puisqu’Otomo reconnaît s’être inspiré de ce manga pour créer Akira en réutilisant notamment le même point de départ :

« Le pitch d’Akira se résume finalement a une arme de destruction massive développée durant la guerre et découverte en temps de paix… …il en va de même dans Tetsujin 28″

Akira est reconnu pour avoir eu une influence considérable sur le paysage manga et pourtant lui-même puise dans un shōnen de 1956… D’ailleurs, le numéro 28 ça vous rappelle rien?

En 1972 parait un manga qui deviendra lui aussi culte et qui aura une influence majeure sur le paysage manga : Devilman de Go Nagai. Comme pour Ashita no Joe on ne compte plus les rééditions, version Deluxe, produits dérivés etc. et le références régulières a ce titre dans des œuvres postérieures. Et encore aujourd’hui la lecture de Devilman surprend par sa violence mais surtout par la dureté de son propos, des thèmes abordés et de son final, alors à l’époque, j’imagine même pas. Déjà que son précédent manga, Harenchi Gakuen (L’école impudique) s’était attiré les foudres de plusieurs associations qui le trouvais dévergondé et subversif, avec Devilman, Go Nagai frappe encore plus fort et ouvre une nouvelle voie dans le shōnen manga grâce à son traitement révolutionnaire de la sexualité et de la violence et avec ce titre il pose quasiment à lui tout seul les bases de l’horreur-fantastique dans le manga de manière générale.

Sans oublier que le fan-service c’est un peu lui qui l’a inventé…

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En 1973 parait Gen d’Hiroshima de Keiji Nakazawa , un shōnen ancré dans la réalité pure et qui aborde des thèmes comme la bombe atomique, le pacifisme, les relations americano-japonaise ou la discrimination. Ce titre est tellement important qu’il est souvent utilisé dans les écoles Japonaises pour parler des bombardements de Hiroshima et Nagasaki. Pourtant la série a connu des difficultés, a été déprogrammé, à changé de magazine à cause de la dureté des sujets traités. Mais c’est pourtant un des premiers titres à abordé des sujets d’actualité aussi durs et réaliste dans un shōnen. On est loin de Tezuka et de La nouvelle île au trésor paru 25 ans plus tôt…

Pour l’anecdote, c’est le 2e manga publié en français (en tome relié) après Le vent du nord est comme le hennissement d’un cheval noir, un chapitre de Sabu & Ichi de Shotaro Ishinomori dont ont a parlé plus haut. Et non, c’est ni Akira, Ni Dragonball qui ont été publiés ici en premier :p

Leiji Matsumoto est un auteur incontournable grâce a ses personnage et ses histoires mais aussi parce qu’il a crée un Univers propre. En effet, depuis des années tout ses manga sont liés et se passe dans le même univers. Parfois a des époques ou sur des timelines différentes mais pourtant tout est lié. Même si ç’a avait été initié dans Astro Boy, Leiji Matsumoto a poussé la logique à fond en inscrivant dès les années 70, toute ses œuvres dans le même Univers. Si à l’époque c’est novateur, aujourd’hui les émules de Matsumoto sont nombreux. Hiro Mashima pour citer un des plus connu et dont tous les titres depuis Rave sont liés et placé dans le même univers. Masami Kurumada avec Saint Seiya aussi. Dans leurs cas on peut parler de Mashimaverse ou de Kurumadaverse comme on parle de Leijiverse…

Abordons maintenant Rumiko Tahahashi et des titres comme Lamu, Ranma 1/2 ou Inu Yasha. Des titres populaires qui mêlent à la fois humour, monstres et Folklore Japonais. Mais le premier a aborder le folklore japonais et son bestiaire est Shigeru Mizuki avec Kitaro le repoussant dés 1959. Cet auteur est si important et en a tant fait pour populariser, diffuser et expliquer ce folklore typique au travers de son œuvre que Shigeru Mizuki a reçu de nombreux prix et récompenses pour son apport majeur à la Culture Japonaise. Et contrairement a ce qu’on pense, Kitaro le repoussant est avant tout une comédie mêlant humour et folklore Japonais et oscillant subtilement entre noirceur et légèreté. Un peu comme les titres de Rumiko Takahashi cités plus haut. La mangaka récompensée à Angoulême n’a au final rien inventé à ce niveau… Si aujourd’hui encore on rencontre des titres parlant de créatures telles que des yōkai, des tengu ou des kappa, c’est en grande partie grâce a Mizuki qui les as popularisés et légitimés durablement.

 

On pourrait continuer longtemps a citer des auteurs et des titres qui sont fondateurs ou/et précurseurs mais ça va devenir long. En vrac et pour conclure cette partie;  L’école emportée, Doraemon, Tsurikichi Sanpei (Paul le pécheur), Circuit no Ookami (Le loup du circuit), Toilet Hakase (Dr Toilette), Kimagure Orange Road, Touch, etc.


On l’a vu, nombreux sont les auteurs et les titres qui ont posés des jalons dans le manga. Et je ne les ai même pas tous cités, je me suis contenté des plus incontournables, fondateurs et connus. Pourtant au milieu de tout ça, y’a un truc qui va définitivement changé la donne et impacté durablement le manga et surtout le shōnen: Les magazines de prépublications et le Weekly Shonen Jump en particulier!

Un peu de bla-bla technique;

Plus haut, on a parlé des Akahon, livres pour enfants, pas chers, mal imprimés et largement diffusé, mais en cette période d’après guerre, les livres restent chers. A la fin des années 40 et jusqu’au début des années 70, des librairies spécialisées dans le prêt voient le jour. Appelées « Kashibonya » ces librairies louaient des livres à consulter sur place pour pas cher. Un peu comme les Mangakissa/Mangacafé aujourd’hui. On peut y lire des livres, des magazines et évidemment des manga. Un des intérêts de ces librairies c’est qu’elles bénéficiaient de publications dédiés et de nombreux auteurs comme Shigeru Mizuki ou Umezu Kazuo commencèrent leur carrière par ce biais en dessinant des histoires destinées aux Kashibonya. Les auteurs reconnus comme Tezuka sont eux publiés directement en livres.

En parallèle de tout ça, les magazines jeunesse (ou non) publiant du manga existent depuis déjà longtemps. Mais en 1955, les éditeurs décident de republier sous forme de livre de poche, les titres parus dans les magazines en compilant plusieurs chapitres/histoire d’une même série. Le tankobon comme il existe encore aujourd’hui est né ! Et donc pour trouver des titres afin d’en faire des livres et les vendre, apparaissent les magazines de prépublication quasiment comme ils existent encore aujourd’hui. Ils appartiennent déjà à des éditeurs et on grosso-merdo la même fonction qu’actuellement, qui peut être résumé à; trouver et tester des titres et leurs potentiels succès avant des les proposer en volumes reliés.

Rapidement et afin d’être efficaces au maximum, ces magazines définissent des cibles éditoriales en fonction du sexe et de l’age et proposent des titres susceptibles de plaire à ces cibles définies. Les classifications, shōnen, shōjo etc. font leur apparition tel qu’on les connaît, même si certains termes existent depuis longtemps… P.EX; la revue destinée à la jeunesse Shōnen Club publié dès novembre 1914.

Le système éditorial actuel prend petit à petit forme… Mais quand on réfléchit 2 secondes, tout ça dans le fond, c’est une démarche purement commerciale des éditeurs, qui restent avant tout des commerçants voulant vendre un max de livres. Et ils veulent des titres qui marchent et qui vendent, donc, ils multiplient les tentatives via les magazines de prépublications qui se multiplient eux aussi, ciblant tous les lectorats potentiels. Fatalement, les séries se multiplient aussi et la qualité n’est évidemment et malheureusement pas toujours au rendez-vous…. Et si certaines séries fonctionnent très bien pendant leurs publications, elles ne parviennent évidemment pas toutes à s’imposer durablement et restent pour beaucoup un instantané de leur époque…

Passons au Weekly Shōnen Jump (le Jump pour les intimes) qui est publié depuis 1968. Dés ses début le Jump choisi de trancher radicalement avec ses concurrents et se concentre uniquement sur le manga. En effet dans les magazines de l’époque, y’a évidemment du manga mais aussi des articles sur des sportifs, des sujets de société, sur la dernière chanteuse ou le dernier groupe à la mode, etc. Plus que des magazines manga, ce sont en fait des magazines traitant des sujets variés et qui prépublient aussi du manga. Le Jump décide de miser exclusivement sur le manga et le slogan de la couverture de l’époque résume bien la chose : « 100% de manga, 100% d’histoires inédites, bienvenu dans l’express du manga ».

Ci dessous : Le Shōnen magazine N°1 et le Jump N°1. Deux salles, deux ambiances.

 

Avec cette ligne éditoriale différente, le Jump attaque petit à petit sa conquête et moins de 3 ans après son lancement, le magazine passe le cap du million d’exemplaires vendu chaque semaine. En peaufinant ces techniques, vers la fin des années 70, le magazine met au point LA recette et commence a enchaîner les hits avec des titres qui deviendront des classiques du genre ; Cobra, Cat’s Eye, Captain Tsubasa, Hokuto No Ken, Dragonball, City Hunter, Saint Seiya... Si ce sont des succès intemporels multi-réédités au Japon comme ici, par chez nous c’est d’abord via leur diffusion anime qu’il se sont vraiment installés et acquis leurs lettres de noblesse. Et quand, au début des années 90, il a fallu imprimer du manga en français, c’est sur ces titres en premier que les éditeurs manga balbutiants ont misés avec le succès qu’on connaît…

Certains parlent même de « l’age d’or du Jump » en regard du nombre de séries de cette époque qui se sont imposées dans la durée et qui pour la plupart bénéficient encore régulièrement d’une actualité que ce soit via un nouvel anime/OAV/film, une réédition quelconque, un anniversaire, une série dérivée, un drama etc.

Pourtant si on gratte un peu, on constate que malgré des thèmes et des développements différents, toute ces séries appliquent à la lettre la recette élaborée par le Jump. Cette recette, basée sur le retour des lecteurs via sondages, des classements de popularité des différentes séries prépubliés dans le magazine et le lien étroit entre les auteurs, leur Tantô et la rédaction, l’exclusivité que les auteurs signent avec le magazine etc. font que quasiment tous les titres du Jump sont plus ou moins formatés et dans le fond quasiment tous coulé dans le même moule afin d’avoir un maximum de succès auprès des lecteurs. Et pourtant ça marche et tous commencent doucement a faire pareil !

En effet entre 1980 et 1995 et en appliquant différents ingrédients de cette recette et en se calquant +- sur les hits commerciaux, de nombreux magazines shōnen double leurs ventes. Même si d’autres facteurs (économique etc.) rentrent en ligne de compte pour justifier ces chiffres. Evidemment les ventes de tankōbon suivent les ventes de magazines. Le pic est atteint en 1994 par le Jump qui vend +- 6,5 millions d’exemplaires chaque semaine. Et petit à petit, succès après succès, le shōnen Nekketsu comme on le connaît aujourd’hui est codifié et normé à la limite du cahier des charges, et on voit beaucoup de séries « un peu pareille » empruntant un peu ou beaucoup aux titres a succès, apparaître et pour certaines disparaître tout aussi vite qu’elles étaient apparues…

Car au final, depuis le milieu des 80’s, la plupart des titres du Jump (et beaucoup de shōnen de manière générale) sont grosso-merdo construits de la même manière et ont en commun :

  • Un héros jeune et orphelin, ou avec des parents absents.
  • Un héros qui souvent possède/trouve un rêve ou une quête qu’il veut/doit absolument réaliser
  • Un héros honnête, innocent et bien souvent naïf voir idiot
  • Un héros doté de capacités ou pouvoirs hors normes (héréditaires ou non) qui souvent se révèlent au cours de l’histoire et des combats
  • Avec des amis rencontrés durant son aventure, le Héros lutte contre le mal ou assimilé
  • Ses premiers ennemis deviennent souvent ses plus fidèles alliés
  • Lorsqu’il est sur le point de perdre ou de mourir, le Héros se relève plus fort et fini par se dépasser et vaincre grâce à sa volonté et ses convictions
  • Sans oublier les classiques, comme le tournoi, la session d’entraînement, la séparation du groupe etc.

Et généralement ces titres sont construits comme un voyage, un parcours ou une quête initiatique, dans lequel les protagonistes vivront pleins d’aventures et seront fatalement amenés a se dépasser et se transcender pour atteindre leurs buts. La liste des héros de shōnen cochant parfaitement toutes les cases est longue ; Goku-Naruto-Luffy-Gon-Natsu-Sakuragi-Maeda, pour ne citer que ceux-là.

Pourtant et malgré leur qualités, les hits des 80’s ont presque tous le même défaut: leur construction globale. En effet, c’est généralement dans le ou les 1er gros arc(s) narratif(s) que la série atteint son paroxysme et ou tout est mis en place, une fois que c’est fini, bien souvent la suite n’est que digressions ou resucées avec de nouveaux ennemis/enjeux. Ou alors -comme City Hunter– une succession non-stop de petites histoires, comme de minis arcs narratifs mais sans en être réellement. Evidemment, ça fait le job mais il manque une tension, une continuité et un suivi dans la série.

Saint Seiya en est un parfait exemple. Tout ou presque est fait dans l’arc de La bataille du Sanctuaire que ce soit en matière de techniques ou d’epicness. La suite n’est grosso merdo qu’une resucée de cet arc avec plus ou moins d’originalité et surtout beaucoup de surenchère niveau ennemis, pouvoirs, power-up. Et pas mal de séries de la même époque souffre de ces défauts. La construction de Dragonball montre aussi les limites de ce schéma narratif et de cette construction de l’intrigue. Parce qu’on peut vulgairement résumé la construction de tout Dragonball (surtout post Ruban Rouge) comme suit :

  • Introduction contexte et ennemi
  • 1er contact et généralement petite défaite d’un ou de plusieurs des héros
  • Entraînement ou assimilé (+Power-Up)
  • Divers combats et avancé de l’intrigue avec des révélations ou autres
  • Combat final d’abord en mêlé puis en 1 VS 1
  • Conclusion
  • Le tout entrecoupé du Tournoi des Arts Martiaux (Avant/après ou pendant l’arc)

Pourquoi parler des défauts de Dragonball et des titres des 80’s dans un article sur le shōnen? Car encore aujourd’hui malgré ces défauts, ils restent comme on l’a vu très connus et plébiscités mais surtout pour montrer que leurs successeurs eux, ont réussi a briser ce schéma narratif répétitif tout en utilisant les codes créés et utilisés par leur aînés. Des titres reconnus comme des « descendants » de Dragonball, (genre One Piece ou Naruto) ont tous un fil rouge et c’est via les différents arcs qu’on développe , qu’on nourri et qu’on alimente ce fil rouge. Ce n’est plus une succession d’arcs narratifs sans réels liens entre eux mais un récit suivi, une aventure sur la durée… Et évidemment c’est plus digeste narrativement parlant.

Ça appuie aussi mon propos; chaque nouvelle génération a puisé et s’est servi de ce que leurs prédécesseurs ont amené ou/et crée, en poussant (ou pas) le curseur plus loin, en gommant les faiblesses, en sublimant les recettes. Que ce soit dans le shōnen, dans le manga en général et même comme on l’a vu, dans les modes des diffusions… Un éternel recommencement.

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Autre titre qui revient régulièrement comme le must et le précurseur ; Jojo’s Bizarre Adventure. Mais même s’il est vrai que JJBA aborde sûrement le shōnen sous son angle le plus pur, au début JJBA c’est surtout très inspiré de Hokuto No Ken. Araki lui-même le reconnaît bien volontiers. Et Hokuto No Ken ça reste un putain de classique et un titre qui a notamment amené la violence pure voir gore dans le shōnen Nekketsu, mais pas que. Les références et les emprunts à la culture Pop, c’est aussi un peu de Hokuto no Ken que ça vient, et ce titre a lui même énormément puisé dedans. Le plus flagrant est évidemment cette ambiance post-apocalyptique empruntée a Mad Max avec les bandes de motards qui rackettent les voyageurs. Kenshiro est clairement un mix entre Bruce Lee et Max. Toki n’est pas sans rappeler Jésus physiquement et par sons sens du sacrifice. Des personnages rappelant Boy George, Mister T apparaissent régulièrement. Même l’évolution de Kenshiro est similaire a celle de Max. De vengeurs ils se muent peu a peu en protecteurs. Sans oublier leurs tenues vestimentaires à la limite du copier/coller et on pourrait continuer longtemps.

Au final JJBA a sublimé une recette mais ne l’a clairement pas inventée comme on vient de le voir…

Pourtant JJBA est un bon exemple pour illustrer mon propos; Même s’il reprend des ingrédients à d’autres titres, il ne se contente pas de simplement les copier ou les utiliser, il réinterprète et s’approprie ceux-ci, au point de devenir lui-même une référence et de créer des émules par la suite comme Shaman King, Yu-Gi-Oh, Hunter X Hunter ou la saga Persona

Tous ces titres se servent de tout ce que leurs aînés ont amenés/créés/développés et ils poussent le truc (ou essayent) un peu plus loin à chaque fois. De générations en générations, la narration se peaufine, le background des personnages s’étoffe, les intrigues se densifient et se complexifient etc. Mais pourtant ces « petits nouveaux » se contentent dans le fond que de répéter ce qui a été fait et de suivre un schéma éprouvé et utilisé depuis des années…

Et c’est là qu’on se rend bien compte que les hits qui déchaînent les passions,  les mangas cultes multi édités/diffusés et surtout ceux qui ont contribué a installer le genre ici sont quasiment tous issus du Jump et comme on vient de le voir, appliquent grosso merdo les mêmes mécaniques et usent des mêmes schémas. Que ce soit les hits 80’s (introduits ici via le Club Dorothée) : Saint Seiya, City Hunter, Dragonball, Hokuto No Ken etc. ou les cartons de ces dernières années; JJBA, Naruto, One Piece, Bleach, MHA ou Demon Slayer, tous on recourt aux mêmes mécaniques à quelques nuances près.

Il y a bien quelques exceptions comme Fullmetal Alchemist, Soul Eater, Fairy Tail ou L’attaque des titans. Mais 90% des gros hits actuels sont issus du Jump et/ou utilisent grosso merdo plus ou moins tous, la même recette tout éditeurs confondus. Il parait que c’est aussi ça qui définit un genre/style.  Mais donc affirmer que tel ou tel titre a tout inventé ou réinventé, que c’est le « GOAT » a ce niveau est donc forcément faux. Il fait peut être partie des ces titres importants et fondateurs qui ont apporté une pierre majeure à l’édifice, mais n’a certainement pas tout inventé et forcément empruntés au moins 2 ou 3 trucs aux générations précédentes. En même temps c’est un processus logique et classique que de se servir des succès et réussites passés pour avancer. Et surtout on ne s’inspire et on ne copie généralement que les meilleurs… Dans cet ordre d’idée, difficile par exemple, de ne pas faire de sérieux parallèles entre Naruto et MHA, tant les 2 titres ont en communs, pourtant ça n’empêche pas à MHA d’être un des hits actuels du Jump…

Car a ce niveau, succès ne veut absolument pas dire innovations, il y a des tas de titres dont le succès n’est plus a démentir qui n’ont pourtant absolument RIEN inventés ou innové en quoi que ce soit et qui se contente d’utiliser des recettes éprouvés créées par d’autres… Qui a dit Fairy Tail et Demon Slayer?

En gros, si on résume tout ça, tout les titres ont empruntés quelque chose a leurs illustres aînés, que ce soit sur la constructions des récits ou des personnages, la narration, la composition, les enjeux etc. Tous se sont nourris de ces innovations et ont contribué chacun à leur niveau a apporté quelques choses aux suivants, gommant les défauts ou les approximations de leur prédécesseurs, poussant les lignes un peu plus loin, affinant le concept etc. Mais concernant le shōnen et le nekkestu en particulier, si on pousse le truc 2 minutes, on remarque que ça fait plus de 30 ans que quasiment tous les gros hits sont basés sur les mêmes schémas et les mêmes mécaniques initiés par le Jump…

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50 ans de hits issus du Jump en 1 image !

Mais malgré tout, faut pas me faire dire ce que je n’ai pas dit, y’a des shōnen emblématiques et important à toutes les époques, impossible par exemple, de nier la place de Dragonball, (pour n’en citer qu’un) mais connaître son ascendance et d’où il vient est tout aussi important que de reconnaître sa place et son importance dans le paysage manga.

Parce que si les anciens n’avaient pas posé des jalons et tracé la route, pas sûr que des shōnen emblématiques comme Dragonball ou One Piece auraient pu voir le jour comme on les connaît… S’il n’y avait pas eu Dr Toilette, il n’y aurait peut-être pas eu Dr Slump, et sans Dr Slump y’aurait sûrement pas eu Dragonball et sans Dragonball, il n’y aurait sans doute pas eu One Piece. Et si on retourne aux touts débuts, Tezuka fait pareil en empruntant à Disney et au cinéma pour nourrir son truc, les suivants ont empruntés à Tezuka et ainsi de suite, chacun rajoutant sa pierre à l’édifice…

Évidemment, il y a des tas de shōnen et même des Nekketsu qui sortent de ces schémas et qui abordent le truc différemment, en ne se contentant pas de copier/coller la recette du Jump, ou vont carrément la détourner pour mieux la prendre à contre-pied. Mais s’ils existent bel et bien (et sont même souvent très bons), force m’est de constater qu’ils ne rencontrent généralement pas vraiment le même succès que les titres du Jump ou typé Jump… Et même pour ceux qui appliquent LA recette à la lettre, rien n’est jamais garanti, la magie opère ou non. Qui a dit Samurai 8?

Car nombreux sont les titres qui ne réussissent pas à s’installer ou même s’ils sont des succès lors de leur parutions, ne parviennent pas à s’inscrire dans la durée. Combien de titres pourtant plébiscités n’ont plus aucune actualité une fois fini et finissent par tomber lentement mais sûrement dans les méandres de l’oubli et rejoignent les milliers de séries dont on n’entendra sans doute plus jamais parler? Trop pour toutes les citer et puis on les as oublié de toute façon… Car avec un truc aussi codifié que le shōnen, dur-dur de tirer son épingle du jeu et réussir à créer une œuvre qui pour X raisons sortira du lot, quand la concurrence connaît aussi la recette …

Et pourtant, il faut nuancer un peu tout ça…

Car en fin de compte, le shōnen et le nekketsu façon Jump ont été formatés en grande partie et avant tout, pour ET par les lecteurs. Via leurs achats, via les titres qu’ils ont plébiscités, via les concours de popularités etc. ils ont participé activement a codifié et formaté le truc. Les éditeurs dans le fond ne leur ont donné que ce qu’ils voulaient lire. Quitte a petit a petit à formaté le genre… Dans les faits, la base du lectorat shōnen réclame donc en majorité, des titres aux schémas clairs et connus, véhiculant principalement des valeurs simples, de l’action et de l’epicness, de grandes victoires et des personnages auxquels ils peuvent s’identifier ou pour lesquels ils auront de l’affection… Y’a qu’a voir certains débat de personnages pour s’en convaincre.

Et pourtant,  quand on écoute le lectorat, c’est le premier a réclamer des shōnen originaux et novateurs mais dans les faits (et les chiffres) on voit bien qu’actuellement plus le titre est classique dans sa forme et formaté Jump, plus il a de chances d’être un hit. Des fois, le titre semble original dans son approche et/ou son développement, mais quand on gratte un peu et/ou si on attend quelques tomes , on voit que sous l’écorce, dans le fond c’est très classique. Qui a dit The Promised Neverland?

Même si la chance, couplé à un petit « je ne sais quoi » ont leurs importances niveau succès…

En parallèle, c’est aussi pour toutes ces raisons, que des titres moins ou pas typé Jump et ne suivants pas ces codes prédéfinis à la lettre peuvent trouver leur place et créer la surprise. Car les codes sont certes calibrés mais ce ne sont pas des règles immuables et souvent ces titres en jouent plutôt habilement en plus de cibler un autre lectorat.

Parce que quoi qu’on en dise, c’est toujours le public qui au final à la place de juge et de bourreau. Et comme on vient de le voir, le pouvoir de formater les choses, car les éditeurs et les auteurs peuvent proposer ce qu’il veulent, c’est grâce au public qu’une œuvre peut ou pas se développer et exister. Les éditeurs -qui restent avant tout des commerçants- leurs proposent donc logiquement ce qu’ils attendent et réclament. Et si le public ne suit pas, ça ne sert à rien de continuer à part perdre du fric. Et perdre du fric c’est loin, mais très loin d’être le business-plan du système éditorial Japonais…

En conclusion, et pour toutes les raisons que l’on vient de voir, rien de très nouveau -ou très rarement- depuis bien longtemps dans le monde du shōnen manga et dans le nekketsu en particulier. Et c’est parfois un peu décevant car le shōnen c’est tellement vaste et ouvert que tout ou presque, est et reste possible. Même si perso, je crache jamais sur un truc bien classique mais bien fait et qu’au milieu de tout ça, il y a toujours quelques pépites à se mettre sous la dent… Elles sont de plus en plus rares mais elles existent, suffit de creuser dans ce gros morceaux qu’est le shōnen manga pour trouver son bonheur quoiqu’on cherche.

Et les titres du passé réservent leurs lots d’excellentes surprises, n’hésitez pas à vous plonger dedans…


 

 

14 commentaires

  1. Merci pour cet article, c’est super intéressant (surtout pour les newbies comme moi xD)
    Il faudrait que je me penche sur les titres plus anciens dont tu parles, c’est vrai que je n’en ai pas encore trouvé l’occasion (depuis le temps que je dis que je vais tenter un Tezuka 😭)

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    1. Avec plaisir, j’ai essayé de rendre ca didactique et ludique sans devenir chiant. Si t’a appris des trucs c’est cool car c’était le but.

      Faut lire des classiques, parce que y’a des pépites et c’est important de lire les titres fondateurs.
      Si t’as besoin de pistes , hésite pas.

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      1. C’est un peu le soucis avec les classiques patriloniaux, ils restent pas longtemps dispo

        Niveau Tezuka, tu as les jolies éditions de Tonkam. Je recommande toujours L’histoire des 3 Adolf. Dans Tezuka y’a à boire et a manger, (et même des pas très bons) mais tu peux y aller les yeux fermés sur Bouddah, Demain les oiseaux, Phoenix (qui arrive)

        Ashita no Joe, vu que tu aimes au moins un shonen de sport^^.

        Nonon ba est un OS autobiographique qui permet de bien saisir Mizuki. Et surtout il se trouve plus facilement que Kitaro le repoussant. Si tu as l’occaze d’en trouver des Kitaro, je te conseille Mic-Mac aux enfers.

        Après faut voir aussi dans quoi tu veux te lancer. Y’a des trucs vachement pointus, là j’ai conseillé des accessibles

        Lady Snowblood dans un registre plus dur devrait te plaire.

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      2. Merci pour toutes ces recommandations !
        Dans ceux que tu as cités, je pense commencer par L’histoire des 3 Adolf, Ashita no Joe et Lady Snowblood (d’ailleurs celui-ci ça fait un moment que j’hésite à le tester) ^^

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      3. Avec Plaisir !

        Voila qui devrait achever de te convaincre :

        https://chroniquesdunvagabond.wordpress.com/2017/05/30/lady-snow-blood-manga-de-koike-kamimura/

        https://chroniquesdunvagabond.wordpress.com/2018/08/16/lhistoire-des-3-adolf-manga-de-o-tezuka/
        Ashita No Joe, je dois l’écrire un des ces 4…
        Et je me rend compte que j’ai oublié de citer Devilman :

        https://chroniquesdunvagabond.wordpress.com/2017/04/10/devil-man-manga-de-go-nagai/

        Retours sur tes lectures appréciés :p

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  2. WHAOU quel article et quel travail de recherche et d’écriture ! Je me suis régalé du début à la fin et j’ai appris beaucoup sur le Manga qui, à l’origine ne me passionne pas. Après avoir lu votre article, ça me donne envie de lire mon premier Manga. C’était passionnant. Bravo pour votre travail !

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  3. Bonjour à tous !
    EXCELLENT article ! Nous tenons aussi à vous dire que Nous lançons avec notre petite mais FINE équipe un projet qui nous prend au cœur. Un tout nouveau site internet autour de l’univers MANGA !
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