Vagabond explore le catalogue Kana : Leiji Matsumoto

Pour les fans du Captain balafré (Albator^^) comme moi, les éditions Kana sont un allié précieux !

Pourquoi ? Simplement car c’est cet éditeur qui a publié les séries emblématiques de Leiji Matsumoto. A travers ce billet je propose un petit tour d’horizon des titres du Leijiverse publiés chez Kana.

La liste des titres parus est déjà bien fournie et elle continue de s’allonger avec le temps ^^ Outre les très connus -grâce à leurs adaptations anime- Albator et Galaxy Express, on trouve aussi Queen Emeraldas ou les plus confidentiels, L’Anneau des Nibelungen et 24 histoires d’un temps lointain. Quand on sait que la plupart de ces titres s’adressent à un lectorat plutôt restreint, merci à Kana d’avoir publié tous ces titres jusqu’au bout (si Matsumoto en a dessiné la fin bien sûr).

On se les fait un par un et par ordre alphabétique s’il vous plait  !

Au programme :

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  • 24 histoires d’un temps lointain
  • 25 histoire d’un monde en 4 dimensions
  • Capitaine Albator
  • Capitaine Albator Dimension Voyage
  • Galaxy Express 999
  • L’anneau des Nibelungen
  • V2 Panzer
  • Queen Emeraldas

24 Histoires d’un temps lointain

gallery_474_9_94949Ce manga est comme son titre le laisse facilement deviner est un recueil de 24 histoires courtes, ayant pour thèmes principaux le temps qui passe, la condition et la nature humaine…

Verdict:

Initialement sortis dans les années 70, 24 Histoires d’un temps lointain ( 帰らざる時の物語-Kaerazaru Toki no Monogatari ) est un recueil d’histoires courtes qui malgré leur âge reste encore diablement d’actualité ! Que ce soit les histoires ayant pour thème la condition humaine ou bien les histoires sur l’impact de l’Homme sur la planète, toutes font encore mouche aujourd’hui… Ce titre est le plus atypique du Leijiverse paru aux éditions Kana, car il a la particularité de ne pas mettre en avant un des personnages vedettes de Matsumoto.

Matsumoto arrive avec brio et parfois en moins d’une dizaine de pages à créer une atmosphère unique mais surtout à susciter un vrai questionnement chez le lecteur. Le tout sans être lourd ou devenir bêtement moralisateur… Comme à l’accoutumé chez Matsumoto, les univers sont liés entre eux, les fans du plus célèbre Pirate de l’espace auront donc le plaisir de voir le balafré himself apparaitre au détour des pages de ce recueil.

Les fans du maitres seront ici en terrain connu est apprécié, tout y est; l’atmosphère rétro-futuriste, les filles longilignes, l’abondance de cadrans, les parchemins narratifs etc.. Après tout, ces histoires datent d’une époque que beaucoup de Leijiphile* qualifie « d’âge d’or » de Leiji Matsumoto. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser ce recueil ne s’adresse pas qu’aux fans du Maitre, les histoires contenues dans cet ouvrage feront écho chez tout le monde car les thèmes abordés ici sont universels. Le tout sous la plume et le trait du Maitre, qui est pas des plus dégueulasse non plus !

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A ne pas mettre entre toutes les mains non plus et certainement pas celle des plus jeunes, en effet beaucoup d’histoires abordant de manière plutôt explicite les relations Homme/Femme… Qu’on se rassure, même si c’est explicite ce n’est pas non plus cru et vulgaire.

L’édition grand format que Kana nous propose ici est très jolie, avec même quelques pages couleurs en début de volume. L’ilustration de la jaquette concoctée par leurs soin est bien trouvé (il s’agit d’un dessin d’ouverture d’une des histoires) et le recueil est agrémenté d’intéressantes préface et postface permettant d’appréhender encore mieux ce recueil. Encore une belle publication dans leur collection Sensei !

Voici clairement un manga au ton plus adulte à recommander aux fans du Maitre qui sont habitué à ce ton mais aussi (et surtout) à tous ceux désirant découvrir de petites histoires profondes, empreinte de poésie et d’un brin de mélancolie…


25 histoires d’un monde en 4 dimensions

Sorti le 19 janvier 2018 – 3 ans après 24 Histoires- qu’est sorti ce recueil d’histoires courtes signées Leiji Matsumoto  !

Ca raconte quoi ?

Comme le titre le laisse facilement deviner, il s’agit  de 25 histoires courtes, écrites et dessinées par Leiji Matsumoto et compilées en un recueil ^^

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Verdict :

Alors, commençons par un peu de blabla pour situer le truc…

Peu le savent mais avant de créer un des héros les plus badass et charismatique du manga (Albator/Harlock), Leiji Matsumoto officiait dans le shojo manga. Au début de sa carrière, dans les années 60, il ravit le public féminin avec ses récits doux et mélancoliques. Ce n’est qu’avec Sexaroid -en 1968- que Matsumoto passe au shonen manga.

Les histoires de ce recueil date de cette période charnière ou Matsumoto bascule dans le shonen. Après seulement viendront les œuvres désormais cultes ; Albator et Galaxy Express 999 pour n’en citer que 2. Et pourtant on y retrouve déjà tout ce qui fera « la patte » Matsumoto ainsi que les thèmes chers à l’auteur : l’amitié, le respect de l’autre, les failles de l’être humain, la dureté de la vie, la défense de l’environnement…

Comme c’est un recueil d’histoires courtes réalisées a différents moments, y’a à boire et à manger comme on dit. On y retrouve donc différents genres, comme la science-fiction (logique^^) mais aussi du western ou du récit de guerre. Et bizarrement, des insectes qui squattent la plupart des histoires… Pourtant, quelque soit la toile de fond ou les protagonistes des récits, les histoires contenues dans ce recueil feront écho chez tout le monde, car les thèmes abordés y sont universels. Et comme pour 24 histoires, Matsumoto arrive à créer une atmosphère unique -parfois en moins d’une dizaine de pages- mais surtout à susciter un vrai questionnement chez le lecteur. Le tout sans devenir bêtement moralisateur…

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Niveau dessin, on retrouve aussi tout ce qui fera le succès des séries du Leijiverse, comme ses héroïnes longilignes à l’extravagante chevelure, les double-pages qui ressemblent plus a de petits tableaux qu’a des pages de manga, en contraste avec des planches très dépouillés, les grands aplats de noir et même les cadrans ^^

Niveau édition, comme toujours Kana fait bien les choses avec une édition plus que correcte mais surtout une intéressante préface et postface !


Capitaine Albator

captaine-albator-integrale-kana.jpgAn de grâce 2977… « Lorsque toutes les mers du globe eurent disparu, les hommes pensèrent que la fin du monde était arrivée. Ils s’apitoyèrent sur leur sort, sans même songer à l’espace infini qui s’étendait au-dessus de leur tête…

Seule une poignée d’hommes, croyant en l’avenir radieux du genre humain, eurent le courage d’aller explorer la « mer du dessus ».

Alors, les autres ricanèrent en disant : « ce sont des fous qui courent après un rêve irréalisable. » Et nous avons été considérés comme des hors-la-loi… »

Verdict:

Albator (Harlock en V.O) est surtout connu chez nous pour ses adaptations animées. Si la première apparition d’Albator date de 1969, le manga dont est tiré l’animé dont il est question ici a été publié au Japon entre 1977 et 1979. Le personnage d’Albator/Harlock apparait dans une dizaine d’œuvre de Leiji Matsumoto (Galaxy Express 999, Gun Frontier, Queen Emeraldas…) et nombre de films, OAV etc.

Composé de 5 tomes, ce manga n’as pas de fin à proprement parler. En effet la version animée de Rintaro (Albator 78) ayant rapidement rattrapé puis dépassé le manga, Leiji Matsumoto n’a jamais pris la peine de dessiner la suite et la fin du manga.

Bref,

Mise en place d’un des héros les plus charismatique du manga, Héros qui a eu un impact certain sur pleins de gamins devenu trentenaires (ou quarantenaire) aujourd’hui.

Mais un héros qui pue la classe ça suffit pas à faire un bon titre et encore moins un Classique. Un Classique? Oui, Albator c’est un Classique comme Goldorak ou Dragonball…

Car outre des persos emblématiques, un ennemi revêche et vénéneux, de la tension, des combat épiques etc. , le tout dans une délicieuse ambiance « Space-Opéra », une des vraies grandes forces du titres, c’est le fond ! Car la forme c’est bien mais s’il y a en plus du fond c’est mieux… On y aborde donc, en vrac, la place de l’Homme sur la planète et son impact, le consumérisme, la passivité des masses, la manipulation des médias etc.

Le tout sans alourdir le récit ou devenir bêtement moralisateur. L’auteur se contentant de poser les questions via son œuvre et laissant le soin au lecteur de trouver sa réponse ou à défaut a simplement y réfléchir… Pour le reste, la longévité et la réputation de ce Classique devrait suffire à convaincre de lire (ou au moins regarder) Albator.

Graphiquement c’est magnifique !

Les vaisseaux rétro-futuriste, les scènes de combats, les ambiances, les plans large etc. Matsumoto livre ici -et comme toujours- un travail de grande qualité. Le dessin est quant à lui « vieille école », on sent la plume et le pinceau et cela se voit aussi dans l’usage des trames. Des double-pages à foison, un découpage dynamique (surtout pour l’époque) avec des planches par moment très chargées et d’autres extrêmement dépouillées. Ce qui permet un ensemble fluide et qui ne devient pas indigeste à force ce de détail.

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On compte 2 éditions de Capitaine Albator :

  • La 1er sortie en 2002 est « calquée » sur l’édition japonaise et compte 5 tomes.
  • La 2e sortie en 2013 et qui réunit les 5 tomes en un gros volume intégrale (1088 pages), grand format.

Pour les 2 éditions le travail éditorial est de qualité. Notons la souplesse de l’édition intégrale qui permet une lecture aisée.


Capitaine Albator Dimension Voyage.

Pour ce titre je vous renvoie vers le billet que j’ai déjà rédigé : https://chroniquesdunvagabond.wordpress.com/2017/01/08/vagabond-explore-le-catalogue-kana-capitaine-albator-dimension-voyage/

Je pourrais faire un copier/coller de mon avis mais ce serait trop facile et en plus redondant avec le chapitre ci-dessus, vu que c’est un reboot du manga de 1977^^


Galaxy Express 999

galaxy_express_01.jpgTesturo Hoshino qui a vu sa mère tuée par un robot décide contre toute attente d’obtenir un corps robotique afin de se venger. Maetel une mystérieuse voyageuse lui offre un billet de train qui lui permettra de se rendre avec elle sur Andromède, où raconte-t-on les corps robotisé sont gratuit.

Commence alors pour eux un long et dangereux périple à bord du Galaxy Express 999.

Verdict

Galaxy Express 999 – Ginga Tetsudô 999 en VO (littéralement « Le Chemin de fer de la galaxie ») est prépublié à partir 1977. Il s’inspire librement d’un roman de Kenji Miyazawa, Ginga Tetsudō no Yoru. Vu son succès, le manga est adapté en animé dès 1978 et comptera 113 épisodes, des films et des OAV. Cette franchise est d’ailleurs encore très populaire au Japon.

Manga que je qualifierais volontiers d’humaniste, on ne peut que ressortir grandi de la lecture de ce manga de Leiji Matsumoto. C’est une œuvre profonde et réfléchie, ou le fond importe autant que la forme ! On aborde ici grosso-merdo les mêmes thèmes que ceux abordées dans Albator.

Mais Galaxy Express 999 c’est aussi un voyage initiatique à travers la galaxie, chaque planète est un prétexte pour aborder un thème, des mœurs, une vision ou des modes de pensées différentes. Et en sortir grandi….  Ou pas ^^

Composé de 2 voyages, écrit et dessiné à 2 époques différentes, Galaxy Express 999 est un manga à mettre entre toutes les mains tant les thèmes abordés sont Universel. Mêmes si certains peuvent paraitre un peu désuet aujourd’hui.

Le 1er voyage a été écrit de 1977 à 1981 et compte 14 tomes. En 1996, Leiji Matsumoto reprend la série et offre un second voyage à Maetel et cie ; L’histoire reprend dans la suite logique du premier voyage.

Néanmoins, Matsumoto n’a jamais pris la peine de dessiner la fin du 2eme voyage de Galaxy Express 999 et pour grosso-merdo la même raison que pour Capitaine Albator ; un anime (Galaxy Railways, de mémoire) racontant la suite et fin…

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Même s’il peut parfois sembler un peu long en lecture suivie, ça s’explique surtout par le fait que généralement un chapitre = 1 Histoire, car en effet peu d’histoires s’étalent sur plusieurs chapitres. Mais ça permet aussi de picorer 2-3 chapitres comme ça, pour le plaisir de la lecture et de passer un bon moment… Je recommande particulièrement la lecture du premier voyage (Volume 1 à 14 sur 21).

Graphiquement c’est du tout bon ! Leijiverse en force !

Coté édition, c’est très bien aussi. Les tomes sont un peu plus épais que des Kana classique, pourtant ils ont la même pagination que les autres :s Papier plus épais ? Autre imprimeur ? Volonté des ayants droits ? Osef, le taf est de qualité ^^


L’anneau des Nibelungen

Anneau des nibelungen t1.jpgEn deux lignes : l’univers et les personnages emblématiques (Albator, Mimée, Maetel, Queen Emeraldas…) des différentes œuvres de Leiji Matsumoto, transposés dans l’opéra en 4 parties de Richard Wagner ; L’anneau du Nibelüng.

Albator et son équipage partent à la recherche de Mimée. Après l’avoir finalement retrouvée, celle-ci leur apprend qu’Alberich a volé l’or du Rhin, un métal précieux capable de contrôler le temps une fois transformé en anneau… Commence alors pour Albator et son équipage, une course à travers le temps et les âges pour reprendre cet or et empêcher la destruction des mondes…

Verdict:

L’Anneau des Nibelungen (ニーベルングの指環, Nibelung No Yubiwa) est paru, au Japon, en volumes reliés aux éditions Shinchosha.  Les prépublications de ce titre sont plutôt atypiques :

  • La 1ere partie, L’Or du Rhin, a été prépubliée dans la revue Chûkosha, une revue de voitures d’occasions, du 10/10/1990 au 25/11/1992.
  • La 2e partie, Les Walkyries a été publiée sur le magazine en ligne Webshincho.com, (qui n’existe plus), d’avril 1997 à février 1998.
  • La 3e partie de mars 1998 à juin 1999.
  • La 4e partie, Le Crépuscule des Dieux reste inachevé (une habitude chez Matsumoto^^)

Ce titre, qui -avouons le directement- est par moment un peu décousu et difficile à suivre possède au moins 2 grandes qualités ; nous faire découvrir cette œuvre majeure de l’opéra, la tétralogie de Wagner, et nous replonger dans l’univers si particulier de Matsumoto. Mais surtout, il nous permet de découvrir une partie du passé d’Albator, Toshiro, Maetel et cie…

De leurs destins à leurs parents, en passant par les différents vaisseaux utilisés, quelques-unes des questions qu’on pouvait se poser, trouvent ici une réponse. En plus d’être richement légendée (notamment les différents suppléments en fin de volumes), cette œuvre a aussi la particularité d’être un des premiers mangas prépubliés sur le Web.

Ce cross-over Manga/Opéra n’est pas le Shonen (si on peut vraiment le qualifier ainsi) le plus facile à lire et on peut facilement en perdre le fil. Même si l’histoire est prenante et que l’Univers de Wagner confronté à celui de Matsumoto fonctionne impeccablement, faut avouer que ce manga demande une lecture assidue et le nombre de personnages et les nombreux sauts dans le temps réclament une attention de tous les instants.

Trois histoires courtes, dessinées par Matsumoto dans les années 60/70 prennent place à la fin des volumes 2, 4 & 5, toutes 3 axées sur le thème de la musique. Graphiquement, on retrouve le style typique de Matsumoto qui a fait ses preuves ^^

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L’édition de Kana est quant à elle fidèle à elle-même, du même niveau qu’un Naruto ou un Conan ; seule différence, une jolie page couleur au début de chaque volume.

Plutôt à réserver aux fans du Maitre et de ses univers, aux personnes désireuses de découvrir une œuvre atypique ou encore, à ceux qui voudraient (re)découvrir la tétralogie de Wagner sous un autre jour. A noter que Les premiers chapitres de ce manga furent adaptés dans une série de 6 OAV : Harlock Saga


V2 Panzer

En 1987, bien après les succès planétaire que sont Albator ou Galaxy Express 999, Leiji Matsumoto se lance dans la sérialisation de V2 Panzer dans les pages du Young King. Initialement bouclé en 2 tomes, l’histoire nous entraine dans un futur post-apocalyptique dans les pas de Serazard. Un peu par hasard (ou par destin) elle se retrouve a participer a une course de motos a travers ce monde dévasté. Eh wai, ici on quitte l’espace pour s’attaquer à un road trip sur fond de vengeance mais version Leijiverse…

Le dialogue d’intro -typique des titres de Matsumoto- pose très bien les bases :

Début du XXIe siècle…

Depuis la fin de la guerre un silence glacial s’était soudainement installé sur le monde…

Les fans du maitres seront ici en terrain connu, car tout y est; l’atmosphère rétro-futuriste, les filles longilignes, les parchemins narratifs etc… Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser ce titre ne s’adresse pas qu’aux fans. Car ici Leiji Matsumoto se lâche et livre un récit dynamique, plutôt hard boiled qui met en avant une héroïne déterminée qui n’hésite pas a jouer du flingue ou du charme pour parvenir a ses fins. En ce en toute connaissance de cause…

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C’est un monde dur et violent qui prend place ici et on le comprend dès les premières pages. Pourtant même si la violence est omniprésente tout au long du récit, Matsumoto livre avant tout un road trip déjanté, qui on va pas se mentir à un petit coté Mad Max pas dégueu sur les bords. La course c’est avant tout un prétexte et un excellent point de départ pour une histoire de vengeance assez simple dans le fond. Évidemment le talent de Matsumoto fait le reste et au milieu du fracas et des explosions, il en profite pour dérouler son histoire et les thèmes qui lui sont chers. J’ai employé le terme « road-trip » plus haut, et il faut le comprendre aussi comme le voyage initiatique dans lequel on apprend, on grandit, on évolue, via des (mé)saventures, des rencontres, des obstacles… Sans oublier de mentionner au passage quelques absurdités de notre monde.

Le tout emballé dans un très bon récit d’aventures.

Pourtant cette douce mélancolie typique des œuvres du Maitre soulevée par des sous entendus plus profonds qu’il n’y parait se dégage des pages tout au long de notre lecture. Les décors et les plaines désertiques dans lequel prennent place le récit sont sublimés par le trait de Matsumoto et contribuent aussi a ce sentiment. Et comme toujours avec le Leijiverse, tout est quelque part lié et on voit donc apparaitre des personnages emblématiques dans d’autres rôles et sous d’autres noms. Et comme toujours ce n’est pas une simple resucée. Serazard est entière, assez exubérante et prolixe, loin des héroïnes habituelles de Matsumoto comme Maetel ou Emeraldas. Pourtant comme elles, c’est une femme de caractère, forte et qui ne se laisse pas faire et ne se repose pas sur les autres. C’est elle l’héroïne et les 2 zozos qui l’accompagnent ne sont dans le fond qu’un manuel plus qu’autre chose et narrativement juste des faire valoirs. A coté de ça, l’auteur trouve tous les prétextes possibles pour foutre Serazard à poil, même si souvent il s’en sert pour dénoncer les travers des hommes, ca en devient limite un « running-gag ».

Clairement Leiji se fait plaisir et il en profite aussi pour laisser éclater son amour pour les vieilles mécaniques. Rien que la moto de Serazard c’est quelque chose ! Une BSA G14 de 1935, une moto anglaise mythique. Et il a poussé loin le détail jusqu’à reproduire la livré typique des BSA, la mécanique et pousse le vice jusqu’à faire d’un des protagonistes un puriste qui s’offusque que la moto soit équipée de pièce rapportées. Les références mécaniques sont nombreuses et on peut voir une AC Cobra 427 ou encore une MG TD reconnaissables au 1er coup d’œil tant le souci du détail est poussé à l’extrême.

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Graphiquement on retrouve tout ce qui fait la patte Matsumoto comme ses héroïnes longilignes à l’extravagante chevelure, des double-pages hallucinante, des planches ultra détaillée qui contraste avec des planches très dépouillés. Mais comme on est ici dans un récit d’action, le découpage comme la narration est bien plus dynamique que dans des titres comme Albator , Galaxy Express ou L’anneau des Nibelungen.

Le récit, initialement publié en 2 tomes, a été compilé par Kana en une intégrale composée de 17 chapitres individuels qui compose le récit. A la manière de Galaxy Express, chaque chapitre raconte une histoire complète et en plus apporte un ou plusieurs éléments du fil rouge et on avance ainsi en même temps que nos protagonistes. C’est quelque part aussi une des force de ce récit, être un pur titre de Matsumoto sur le fond comme sur la forme tout en étant différent dans son déroulé et son approche. On est ici dans du divertissement et on se rapproche d’un titre comme Gun Frontier mais en bien plus subtil.

En gros, ça fait parfaitement le job, avec un récit soutenu, quelques beaux messages, pas mal d’action et contrairement a beaucoup d’œuvre du Maitre, une fin. Et pas mal tournée en plus…

Niveau édition Kana livre un moyen format avec page couleurs en ouverture de tome et même une jaquette réversible proposant 2 versions.

Un indispensable pour tous les fans du Leijiverse mais pas que…


Queen Emeraldas

gallery_474_9_50283L’espace infini… Orphelin, sans amis ni famille, Hiroshi Umino voit en l’espace sa dernière chance pour mener une vie d’homme libre, à l’abri de toute dictature, de tout esclavage. Son rêve ? Construire un vaisseau spatial avec lequel il pourra librement sillonner les mers sans fin de l’univers.

Sa rencontre avec celle qu’on surnomme la sorcière de l’espace, Queen Emeraldas, pourrait bien changer sa vie…

Mais rien n’est vraiment simple dans cet univers sans foi ni loi qu’est devenu l’espace….

Verdict:

Queen Emeraldas (クィーン・エメラルダス) a été prépublié entre 1977 et 1978 dans le magazine Weekly Shōnen Magazine et compte quatre volumes reliés.

Ici les éditions Kana nous propose exactement le même format que pour l’intégrale d’Albator, soit un bon gros pavé de près de 850 pages ! Et comme à l’accoutumée dans leur collection Sensei, Kana a très bien fait les choses ! Une très intéressante préface, 6 illustrations couleurs (4 reprenant les jaquettes originales et 2 inédites), 4 histoires courtes de la femme pirate et une interview de Leiji Matsumoto en fin de volume.

En fait Kana nous propose ici sa version de l’intégrale en 2 tomes, parue au Japon en 2009 et totalement retravaillée pour l’occasion par Leiji Matsumoto himself ! En effet, certaines planches originales ayant été perdues, Matsumoto a dû travailler à partir de photocopies des magazines de prépublications de l’époque et redessiner une bonne partie des planches….

Passons au vif du sujet, le manga !

Ceux qui ont lu Galaxy Express 999 trouveront dans Queen Emeraldas comme un gout de déjà lu :

Un orphelin avec un rêve à accomplir, « aidé » par une mystérieuse femme et vivant tous deux un tas d’aventures pour accomplir leurs rêves… Le pitch tient en une ligne ! Mais bon, ceux qui connaissent un peu le Leijiverse, savent qu’il ne faut pas s’attarder à ça^^ Car si Galaxy Express délivre un relatif message d’espoir et des valeurs humaines, Queen Emeraldas est plus sombre et mélancolique. Pour Emeraldas, les Hommes sont lâches, égoïstes, vils et voués à disparaître…  Car Emeraldas n’est ni Albator, ni Maetel, elle ne cherche pas à sauver l’humanité, elle parcourt l’univers pour elle, dans un but précis, point barre !

Ceux qui croisent sa route, la trahissent ou la déçoivent sont condamnés à mourir de sa main, voilà comment est la terrible femme pirate redoutée par tous ! Hiroshi Umino éveille son intérêt par sa volonté et sa détermination mais surtout parce qu’il refuse obstinément l’aide d’Emeraldas.

Le recueil est composé d’histoires en un chapitre relatant les nombreuses péripéties d’Emeraldas et d’Hiroshi, même si on croise au détour des pages quelques visages bien connus. Leiji Matsumoto aimant mélanger ses Univers, rien d’étonnant à cela…  Et on est ici dans du Matsumoto classique et donc comme pour Albator, pas de fin à proprement parler (même s’il y a écrit intégrale sur le tome^^) et ce malgré que le 4e tome soit sorti en 1978.

Quant au dessin, c’est du Matsumoto de la « grande époque » : double pages à foison, parchemins narratifs, vaisseaux improbables, cadrans en veux-tu, en voilà, bref, tout ce qu’on aime.

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Comme je l’ai dit plus haut les différents Univers de Matsumoto étant liés, il faut piocher dans ses autres œuvres comme Galaxy Express 999 ou L’anneau des Nibelungen pour en apprendre un peu plus sur la suite des aventures de la Sorcière de l’espace…

Passons aux histoires courtes de ce recueil : sur les quatre contenues dans ce recueil, deux n’avaient jamais été publiées en volumes reliés. Certaines sont antérieures à Queen Emeraldas, (les prototypes du personnage en quelque sorte) d’autres sont postérieures et se lisent comme telle.

Ce qui explique aussi la différence de ton entre elles. Ex : la 3e histoire racontant le face à face entre Emeraldas et Albator à bord de Zeppelins à un ton humoristique totalement décalé avec le reste du recueil ^^ Néanmoins cette intégrale n’est pas dénuée d’intérêt, en particulier pour les Leijiphiles* (comme moi) car on en apprend beaucoup sur la genèse d’Emeraldas, notamment comment et pourquoi une cicatrice lui traverse le visage.

Pour les autres, un chouette recueil qui se laisse lire avec beaucoup plaisir mais qui ne laissera sans doute pas un souvenir impérissable aux non-initiés/fans. Ceux réfractaire à la lecture peuvent se tourner vers les quatre OAV réalisés par Yūji Asada sortis en 1998.


Voilà, ce tour d’horizon des titres de Leiji Matsumoto chez Kana est terminé. Avec plus de 40 tomes au compteur, toutes séries confondues (et Dimension Voyage en cours) c’est clairement l’éditeur qui possède le plus grand catalogue francophone sur le sujet^^

En espérant que ça vous ai donner envie de vous plonger dans le Leijiverse !

Lexique :

  • *Leijiverse: Terme utilisé pour illustrer l’Univers créer et mis en place par Leiji Matsumoto et la continuité/parallèle entre les différentes œuvres du Maitre.
  • *Leijiphile: Fan de Leiji Matsumoto et de son univers en général

Sources (Images, Dates et Renseignements Techniques) :

19 commentaires

  1. Et comme d’habitude un très bon article qui donne envie , bon là n’est que de m’y remettre aux lectures d’un de mes Maîtres préférés ;)…. Mais je pense allez vers un titre « non kana » mais de la « boite noire » un petit western….

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  2. Bonjour,
    Merci pour ces revues exhaustives des mangas de Leiji Matsumoto chez Kana.
    Peut être serez-vous intéressé par cette 1ère Rencontre avec Kouiti Shimaboshi (co auteur du reboot Albator Dimension Voyage) :

    Le 7 mars 2017, les membres du Webring Leiji Francophone ont eu le privilège d'échanger avec Kouiti Shimaboshi,…

    Posted by Toki No Wa & Webring Leiji Francophone on Wednesday, March 8, 2017

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