V2 Panzer [Manga de Leiji Matsumoto]

Si ça porte le nom de Leiji Matsumoto, j’achète les yeux fermés.

Et V2 Panzer ne fait pas exception à la règle…

v2-panzer-600x912-1Ca raconte quoi ?

Dans un monde post-apocalyptique placé sous la coupe d’un dictateur, une mythique course de la mort à moto est lancée. La (re)belle Savior Serazard entend remporter cette course et espérer ainsi participer à l’avènement d’un monde meilleur.

Verdict :

En 1987, bien après les succès planétaire que sont Albator ou Galaxy Express 999, Leiji Matsumoto se lance dans la sérialisation de V2 Panzer dans les pages du Young King. Initialement bouclé en 2 tomes, l’histoire nous entraine dans un futur post-apocalyptique dans les pas de Serazard. Un peu par hasard (ou par destin) elle se retrouve a participer a une course de motos a travers ce monde dévasté. Eh wai, ici on quitte l’espace pour s’attaquer à un road trip sur fond de vengeance mais version Leijiverse…

Le dialogue d’intro -typique des titres de Matsumoto- pose très bien les bases :

Début du XXIe siècle…

Depuis la fin de la guerre un silence glacial s’était soudainement installé sur le monde…

Les fans du maitres seront ici en terrain connu, car tout y est; l’atmosphère rétro-futuriste, les filles longilignes, les parchemins narratifs etc… Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser ce titre ne s’adresse pas qu’aux fans. Car ici Leiji Matsumoto se lâche et livre un récit dynamique, plutôt hard boiled qui met en avant une héroïne déterminée qui n’hésite pas a jouer du flingue ou du charme pour parvenir a ses fins. En ce en toute connaissance de cause…

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C’est un monde dur et violent qui prend place ici et on le comprend dès les premières pages. Pourtant même si la violence est omniprésente tout au long du récit, Matsumoto livre avant tout un road trip déjanté, qui on va pas se mentir à un petit coté Mad Max pas dégueu sur les bords. La course c’est avant tout un prétexte et un excellent point de départ pour une histoire de vengeance assez simple dans le fond. Évidemment le talent de Matsumoto fait le reste et au milieu du fracas et des explosions, il en profite pour dérouler son histoire et les thèmes qui lui sont chers. J’ai employé le terme « road-trip » plus haut, et il faut le comprendre aussi comme le voyage initiatique dans lequel on apprend, on grandit, on évolue, via des (mé)saventures, des rencontres, des obstacles… Sans oublier de mentionner au passage quelques absurdités de notre monde.

Le tout emballé dans un très bon récit d’aventures.

Pourtant cette douce mélancolie typique des œuvres du Maitre soulevée par des sous entendus plus profonds qu’il n’y parait se dégage des pages tout au long de notre lecture. Les décors et les plaines désertiques dans lequel prennent place le récit sont sublimés par le trait de Matsumoto et contribuent aussi a ce sentiment. Et comme toujours avec le Leijiverse, tout est quelque part lié et on voit donc apparaitre des personnages emblématiques dans d’autres rôles et sous d’autres noms. Et comme toujours ce n’est pas une simple resucée. Serazard est entière, assez exubérante et prolixe, loin des héroïnes habituelles de Matsumoto comme Maetel ou Emeraldas. Pourtant comme elles, c’est une femme de caractère, forte et qui ne se laisse pas faire et ne se repose pas sur les autres. C’est elle l’héroïne et les 2 zozos qui l’accompagnent ne sont dans le fond qu’un manuel plus qu’autre chose et narrativement juste des faire valoirs. A coté de ça, l’auteur trouve tous les prétextes possibles pour foutre Serazard à poil, même si souvent il s’en sert pour dénoncer les travers des hommes, ca en devient limite un « running-gag ».

Clairement Leiji se fait plaisir et il en profite aussi pour laisser éclater son amour pour les vieilles mécaniques. Rien que la moto de Serazard c’est quelque chose ! Une BSA G14 de 1935, une moto anglaise mythique. Et il a poussé loin le détail jusqu’à reproduire la livré typique des BSA, la mécanique et pousse le vice jusqu’à faire d’un des protagonistes un puriste qui s’offusque que la moto soit équipée de pièce rapportées. Les références mécaniques sont nombreuses et on peut voir une AC Cobra 427 ou encore une MG TD reconnaissables au 1er coup d’œil tant le souci du détail est poussé à l’extrême.

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Graphiquement on retrouve tout ce qui fait la patte Matsumoto comme ses héroïnes longilignes à l’extravagante chevelure, des double-pages hallucinante, des planches ultra détaillée qui contraste avec des planches très dépouillés. Mais comme on est ici dans un récit d’action, le découpage comme la narration est bien plus dynamique que dans des titres comme Albator , Galaxy Express ou L’anneau des Nibelungen.

Le récit, initialement publié en 2 tomes, a été compilé par Kana en une intégrale composée de 17 chapitres individuels qui compose le récit. A la manière de Galaxy Express, chaque chapitre raconte une histoire complète et en plus apporte un ou plusieurs éléments du fil rouge et on avance ainsi en même temps que nos protagonistes. C’est quelque part aussi une des force de ce récit, être un pur titre de Matsumoto sur le fond comme sur la forme tout en étant différent dans son déroulé et son approche. On est ici dans du divertissement et on se rapproche d’un titre comme Gun Frontier mais en bien plus subtil.

En gros, ça fait parfaitement le job, avec un récit soutenu, quelques beaux messages, pas mal d’action et contrairement a beaucoup d’œuvre du Maitre, une fin. Et pas mal tournée en plus…

Niveau édition Kana livre un moyen format avec page couleurs en ouverture de tome et même une jaquette réversible proposant 2 versions.

Un indispensable pour tous les fans du Leijiverse mais pas que…

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