Yotsuba& ! [Manga de Kiyohiko Azuma]

Yotsuba, c’est du bonbon en livre, de la bonne humeur page après page, y’a pas de meilleures descriptions pour ce titre…

Ca raconte quoi ?

Koiwai Yotsuba est une énergique petite fille de six ans*, qui vient d’emménager en ville. Elle vit entourée de son père, qui ne cesse de lui faire des recommandations et de ses nouveaux voisins : la famille Ayase, avec trois filles plus agées dénommées Ena, Fuuka et Asagi. Chaque volume raconte la vie quotidienne de Yotsuba dans ce nouvel environnement. Son inexpérience du milieu urbain et son jeune âge donnent lieu à de nombreux gags et un comique de situation souvent irrésistible.

*Au début de l’histoire Yotsuba affirme avoir six ans, mais elle sera corrigée par son père dans le chapitre 36, elle a en réalité cinq ans.

Pourquoi c’est bien?

Yostuba& ! est manga difficile a classer. Certains disent que c’est un shonen, lié a la cible principale du magazine de prépublication mais comme le même mag’ a publié des titres comme Gunslinger Girls ou Gurren Lagan c’est ambigu. Même les sources sur le net ne sont pas d’accord… Bref osef après tout, ce qui est sûr ce que c’est un titre typé « tranche de vie » écrit et dessiné par Kiyohiko Azuma et prépublié depuis mars 2003 dans le mensuel Dengeki Daioh de l’éditeur ASCII Media Works. Ici c’est publié chez Kurokawa et 14 tomes sont parus… C’est un succès incontestable au Japon, la série a su séduire un large lectorat d’ages et de catégories varié et est publiée dans une dizaine de pays en plus d’être lauréate d’une foultitude de prix et récompenses diverses. En gros tout le monde ou presque aime Yotsuba& !.

Pourtant, j’avoue que sur le papier, suivre les aventures d’une gamine de 5 ans dans sa vie quotidienne, ça vend pas spécialement du rêve. Pourtant passer a coté de Yotsuba& !, de sa fraicheur et de sa bonne humeur communicative serait une grave erreur. Car Yotsuba& ! c’est du bonheur en livre, du bonbon pour l’âme…

Composé de chapitres individuels se nommant tous « Yotsuba et quelquechose  » la série met en place les découvertes et les aventures quotidiennes de Yotsuba et de ses interactions avec son environnement. Mais via son prisme d’enfant de 5 ans, espiègle et merveilleusement candide, limite naïve avec son comportement inattendu et décalé, saupoudré de juste ce qu’il faut de mauvaise foi enfantine. Ce qui donne un récit humoristique, frais et optimiste, pertinemment décalé avec plusieurs niveaux de lecture. Oui, plusieurs niveaux de lecture…

Déjà l’auteur pose un postulat pas banal dans ce genre de récit. En effet Yotsuba est une enfant adoptée et son père célibataire l’élève seul avec tout que cela sous-entend. Mais aussi via le traitement par Yotsuba de sujets d’adulte comme la structure familiale, les problèmes d’argent, les chagrins d’amour adolescent ou même le réchauffement climatique… Et tout ça passé par la moulinette de Yotsuba, ça donne évidemment des situations marrantes mais le message derrière tout ça est généralement très pertinent au final. On peut donc simplement s’amuser des facéties de Yotsuba mais aussi voir autre chose, si on prend le récit du point de vue et du rôle d’autres protagonistes de la série, comme le père par exemple. Tout ça et plus encore est subtilement traité au fil du récit ce qui évite de tomber -comme souvent avec des titres dans le genre- dans un truc qui au final est juste mignon, un peu « culcul la praline » sur les bords et au final un peu creux.

Et même si au fil des tomes on en apprend plus sur Yotsuba, sa famille et son passé, c’est anecdotique et au final, il n’y a pas d’intrigue suivie à proprement parler hormis les aventures quotidiennes de cette petite fille de 5 ans et de son entourage. Mais quelles aventures ! Rien d’incroyable ou d’extraordinaire, on est ici dans une série ancré dans la réalité mais Yotsuba à le pouvoir de rendre une simple course à l’épicerie épique… Car ce qui fait le sel de la série c’est clairement le personnage de Yotsuba, cette petite fille bourrée d’énergie, toujours enthousiaste, s’émerveillant de tout et surtout de ses interactions avec les autres et/ou la vie.  Et pour donner la réplique a cette gamine atypique l’auteur met en place toute une galerie de personnages très attachants qui vont nourrir le récit et dans un sens « nourrir » Yotsuba. Le père déjà, délicieusement passif, et un peu désabusé qui laisse Yotsuba explorer la vie et appendre de ses erreurs et qui préfère éduquer plutôt que réprimander, les voisines un peu loufoques et avec chacune leur caractère sur lesquelles Yotsuba exerce comme une étrange fascination ou des personnages de passages comme le vendeur de vélo ou d’ours en peluche… Et comme tout ce petit monde n’est pas le dernier a rentrer dans certains délires de Yotsuba et qu’en plus la petite dit toujours ce qu’elle pense à tous le monde, cela donne lieu a des « punch-lines » et/ou a des situations plutôt tordantes.

Pourtant, ici il n’est pas question d’humour qui se repose sur d’énormes gags servis à un rythme régulier, non ici c’est de petites touches savamment distillés tout du long du récit qui mettent de bonne humeur et donnent le sourire. Même si l’éclat de rire n’est jamais bien loin. Kiyohiko Azuma nous livre ici un récit pleinement amusant et frais, ne jouant pas sur des gags mais sur du situationnel et sur les interactions entre les personnages. Et c’est un sans faute !

Yostuba& ! c’est aussi un hymne à l’enfance, à l’innocence, à la découverte, à l’imagination sans limites et dans le fond un délicieux rappel à l’enfant qu’on a été et qu’on aimerait parfois redevenir…

Narrativement c’est taillé au cordeau, sans temps morts et ultra bien construit. Le récit est d’une fluidité remarquable et sans qu’on s’en rende compte on enchaîne les chapitres et on est déjà à la fin du tome. Et au niveau du dessin, le gars c’est pas un manche. En même temps et aussi incroyable que ça puisse paraitre, il a commencé sa carrière dans le Hentaï. Et qu’on aime ou pas, les Hentaï niveau dessin , faut avouer que c’est généralement plutôt bien foutu. Bref, ici le dessin sert autant le propos que le font l’intrigue ou les dialogues, les deux formant un tout l’un au service de l’autre. Car dans Yotsuba& !, il y a énormément de scènes uniquement visuelles et qui n’ont besoin d’absolument aucuns dialogues. Et si le dessins des personnages est plutôt rond et très expressif, un soin particulier est apporté aux décors ce qui contribue encore a ancré le récit dans la réalité. Et a cultiver ce délicieux décalage…

Le seul défaut de cette série, c’est sa lenteur de parution (en moyenne un nouveau tome tous les 3 ans)

Niveau édition, Kurokawa fait ce qu’il sait faire et comme souvent le fait bien, c’est net est sans bavure.

Yotsuba& ! fait partie de ces séries qu’on peut lire a tout age, c’est amusant mais ça délivre de jolis messages intemporels, c’est d’une fraîcheur et d’un optimisme fou et il est impossible de ne pas sourire et s’amuser avec Yotsuba et la petite clique qui gravite autour d’elle. Et on a tous besoin d’un peu de bonne humeur dans sa vie et de Yostuba dans sa bibliothèque.

8 commentaires

  1. J’avais eu l’occasion de lire le premier tome pendant le premier confinement, et je dois avouer que, alors que j’en attendais beaucoup, j’ai finalement trouvé ça sympa sans plus.
    Je pense que c’est simplement le style d’histoire qui n’est pas fait pour moi. J’ai déjà du mal avec le fait qu’il n’y ait pas d’intrigue suivie, l’esthétique ne m’a pas trop accroché et l’ambiance globale ne m’a pas parlé plus que ça.

    Enfin, tout le monde a l’air d’adorer (j’entends par là, les gens qui lisent la série, car j’ai cru comprendre qu’en France ce n’était pas un gros carton), donc je pense vraiment que c’est juste que ce n’est pas fait pour moi.

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  2. Ah Yostuba, un titre qui est resté fort longtemps sur ma liste de manga à commencer. Déjà à l’époque de BGO, c’est Wany qui m’en avait parlé 🙂

    J’ai pu lire le tome 1 grâce au confinement et je ne regrette pas 🙂 J’ai que les deux premiers tomes, mais c’est un vrai plaisir, des rires et une bonne dose d’air frais dans tous ces titres violents 😂

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